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Lettre d'un Général à Bruno Le Maire
(trop ancien pour répondre)
Zulu
2015-11-22 22:39:03 UTC
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Jean-Paul Salini
Général de l'Armée de l'Air (2ºs)
Commandeur de la Légion d'Honneur

à

Monsieur Bruno Le Maire

Monsieur le Député,

Dernièrement vous avez dit en parlant de la Syrie: " Il faut une coalition
internationale à laquelle, à mon sens, la France devrait participer en mettant, elle
aussi, un nombre limité de troupes au sol. " Et vous avez ajouté qu'elle (la France)
doit prendre "l'initiative d'une coalition internationale qui devrait évidemment
associer en premier lieu les États de la région."

Je suis un général d'aviation et j'ai quitté le service depuis bien longtemps. Il
n'est guère dans les habitudes des généraux de rompre le silence auquel ils ont été
habitués. Mais je crois que je dois faire valoir ici quelques-unes de mes idées.

• Lorsqu'on commence une guerre la seule certitude que l'on peut avoir est qu'on
ignore trois choses. Comment elle finira! Et quand elle finira. Et même si elle
finira. Car il est des guerres éternelles comme celle qui oppose Israël aux Palestiniens.

• Les choses au Moyen Orient sont tellement embrouillées que nul ne peut dire qu'il
connait le problème et qu'il en a la solution. En fait il n'y a pas de solution. On
ne connait même pas les énoncés des problèmes. Cela choque nos esprits occidentaux
mais c'est comme ça. Ces populations aux origines et aux religions diverses ne
vivaient en paix autrefois que parce qu'elles étaient soumises à l'Empire turc.
Personne ne veut, ni ne peut, prendre la succession de l'Empire turc. Nul ne peut
être arbitre sous peine de se voir reprocher par toutes les parties en présence de
les avoir injustement brimées et d'avoir favorisé les autres. Et je vous rappelle, à
tout hasard, que le siège de Rabbath par Joad, général de David a dû avoir lieu vers
l'année 980 avant notre ère. À l'époque c'était les Juifs contre les Philistins. Je
me suis laissé dire qu'il n'y a pas de voyelles dans les langues sémitiques.
Philistin ça s'écrit P.L.S.T.N. Et Palestinien ça s'écrit comment ? P.L.S.T.N.
aussi! Vous voyez ? Alors ce n'est pas pour faire plaisir à un président américain
que ça va cesser.

• Les pays du monde entier n'aiment pas que les occidentaux s'ingèrent dans leurs
affaires. Les occidentaux, quoi qu'il arrive sont responsables de tout. Qu'ils se
taisent ou qu'ils parlent, qu'ils agissent ou qu'ils se tiennent cois, tout leur est
imputé!

• Les guerres et les révolutions sont menées par des individus divers : doctrinaires,
théoriciens, politiques, profiteurs et hommes d'affaires Mais ils ont tous une
caractéristique en commun : la détermination. Cette détermination imprime aux
évènements un dynamisme effrayant. Toute révolution, toute guerre est une explosion
d'énergie. Et cette explosion, comme une explosion nucléaire, ne se maîtrise pas.
Tous les anciens tabous sont supprimés. Y compris, et c'est essentiel, celui du
respect de la vie humaine. Tout devient possible. Il n'est pas conseillé de heurter
de face une révolution. La seule solution est de lui susciter des adversaires, le
plus d'adversaires qu'il se peut et d'attendre. D'attendre quoi? Tout simplement que
l'énergie se disperse et qu'elle se fatigue! Dans le cas qui nous occupe, ça risque
de durer et Daesh et Al Qaïda ne sont peut-être que les premiers d'une longue série.

• Nous autres, occidentaux avons le respect de la vie humaine. Ce sentiment nous est
venu après plusieurs hécatombes sanglantes et a été favorisé sans doute par le fait
que notre natalité est faible. Du coup toute perte est significative et nos soldats
sont comptés. On a vu, chose inconcevable pour un général de 14-18 ou de 39-45, le
chef de l'Etat se déplacer aux Invalides pour enterrer de simples soldats. On ne peut
pas opposer, quelle que soit leur valeur militaire, ces soldats "comptés" aux hordes
inépuisables qui nous font face et pour qui la mort est un aboutissement. Il faudrait
pour avoir raison de ces hordes pratiquer le massacre de masse. Bien évidemment nous
ne le pouvons pas.

• L'une des armes les plus efficaces de notre adversaire c'est la terreur.
Croyez-vous que nous puissions utiliser nous-mêmes la terreur?

• Intervenir en Syrie avec des troupes au sol! Mais quelles troupes? Nos soldats sont
occupés aux quatre coins du monde et le reste, dans le cadre de Vigipirate, marche
inlassablement à travers les rues de nos villes. Des soldats, il n'y en a plus.
L'Armée de terre tout entière tiendrait dans le stade de France. Et vous ne croyez
pas que nous avons assez à faire en Afrique?

• Je suis effrayé de constater avec quelle facilité la France s'engage dans des
opérations extérieures. Si on s'en tient à la seule Afrique la liste est de 40
interventions en cinquante ans. Quelques-unes sont mineures mais voici les principales/

• 1969 Tchad contre la rébellion du Tibesti et du Frolinat (M. Pompidou)
• 1977 Mauritanie : contre le Front Polisario (M. Giscard d’Estaing)
• 1978 Zaïre : opération à Kolwezi (M. Giscard d’Estaing)
• 1979-1981 Centrafrique : destitution de Bokassa (M. Giscard d’Estaing)
• 1983-1984 Tchad : opération Manta contre la Libye (M. Mitterrand)
• 1985 Tchad : bombardement des soldats Libyens (M. Mitterrand)
• 1990-1995 Rwanda : opération Turquoise (M. Mitterrand et gouvernements Bérégovoy
puis Balladur)
• 1997 Congo-Brazzaville : contre le Nigeria (M. Chirac-Jospin)
• 2002- 2011 Côte d’Ivoire : Opération Licorne, Chute de Laurent Gbagbo (M. Chirac
puis M. Sarkozy)
• 2011 Libye : Chute de Kadhafi (M. Sarkozy)
• 2013 Mali : opération Serval (M. Hollande)
• 2013 Centrafrique : opération Sangaris (M. Hollande)
• 2014 Opération Barkhane (contre des groupes Djihadistes au SAHEL à partir du 1er
août 2014. (M. Hollande). Elle remplace Epervier, déclenché en 1986 (M. Mitterrand).

• Il faut bien évidemment ajouter à cela les opérations faites ailleurs qu'en
Afrique. Toutes celles du Liban, par exemple ou la participation à la première guerre
d'Irak contre Saddam ou notre action en Afghanistan ou en Syrie. Et j'allais oublier
notre action en Yougoslavie. Il est difficile de nier l'intérêt de quelques-unes de
ces interventions et on peut leur trouver des justifications mais au bout du compte,
ça fait beaucoup.

• Je me demande encore ce que nous sommes allés faire en Afghanistan, sinon complaire
au gouvernement des Etats Unis.

• En tant qu'aviateur, si je considère le petit nombre d'avions que nous avons
engagés et les distances considérables que certains doivent parcourir pour atteindre
leurs objectifs, j'ai quelques doutes sur l'efficacité de notre action en Syrie. Je
manque de renseignements sur les résultats obtenus mais je crains qu'ils ne soient
pas à la hauteur des inconvénients liés à notre implication dans ce conflit.

• La guerre, c'est le mal absolu. Contrairement à ce que prétendait le docte général
Clausewitz, la guerre n'est pas "la politique continuée par d'autres moyens". La
guerre c'est le constat de faillite des diplomates et des politiques. La guerre,
c'est lorsque les pauvres troupiers et les malheureux civils doivent payer l'ardoise
des erreurs commises par leurs dirigeants. Je le sais. J'ai été promené, pendant
toute ma carrière, dans des guerres diverses, ordonnées par des gouvernements
inconsistants et à court d'idées. Et lorsqu'elles ont été finies (et perdues) on m'a
expliqué que c'était ma faute et que j'avais eu tort de les faire. Clémenceau disait
(et il avait raison) que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux
seuls militaires. Mais à qui, Bon Dieu! confiera-t-on la paix?

• On ne me persuadera jamais que les ennemis de la France sont à Damas ou à Bagdad.
Les ennemis de la France sont en France. Nous marchons à grand pas vers la guerre
civile. Il y a les Corses, les Bretons, les Basques les Catalans. Et surtout il y a
d'immenses collectivités récemment venues en France qui ne savent pas, qui ne peuvent
pas, qui ne veulent pas respecter la culture et la civilisation de la France.
L'immigration? Une chance pour la France? Oui! car celui-là qui appartient à une
double culture m'enrichit. Mais dans notre cas il ne s'agit plus d'une immigration
mais d'une invasion. De l'occupation de la France par des blocs étanches, insolubles,
et qui trainent derrière eux des idées du moyen -âge et des querelles d'autres pays
et d'autres temps.

• Assez de croisades, Monsieur le Député! Elles n'ont jamais porté bonheur à la
France. Tout récemment, monsieur Bernard Henry Lévy, philosophe de son état, ce qui
devrait l'inciter à une certaine modération, a sorti sa plume et a prêché
l'intervention en Libye contre l'abominable Kadhafi. "La Guerre! Vive la guerre!"
Mais monsieur Lévy s'est montré convainquant. Il avait la vérité! Alors on est allé
faire un petit tour en Libye et on s'est aperçu avec étonnement que notre
intervention n'avait pas changé de façon sensible la mentalité des Libyens ni leur
façon de régler (ou de ne pas régler) les problèmes.

• Et ne me parlez plus du leadership de la France, de l'exemple français. "Gesta Dei
per Francos!". On n'entend plus que ça. Cela nous rend odieux à nos partenaires. Mais
la France n'est plus une grande puissance. Et cela depuis un instant bien précis.
Depuis le 10 mai 1940, à 3h 30 du matin.

• Cela ne veut pas dire que l'influence de la France est réduite à néant. Mais elle
doit chercher l'efficacité plus que le geste. Elle doit œuvrer avec discrétion. Elle
doit susciter des ennemis à ses adversaires. Elle doit profiter des querelles des
autres sans jamais s'y impliquer. Elle doit tracer autour d'elle un cordon sanitaire
qui la mette à l'abri des aventures risquées. Nous ne devons pas être les pompiers ni
les gardiens de but. Parce que les pompiers finissent toujours par se brûler et que
les gardiens de but finissent toujours par encaisser des buts.


• Et s' "Ils" veulent se battre, eh bien! qu'ils se battent! Ce sont leurs affaires.
Si elles font les nôtres tant mieux! Et il faut se débrouiller pour qu'elles nous
soient favorables. En attendant rien ne nous empêche de "clamer le droit". C'est ce
que font les bons apôtres depuis soixante ans. Ça ne mange pas de pain et ça n'engage
à rien.

• Car leurs affaires sont embrouillées. Celui qui pense connaître les tenants et les
aboutissants du Moyen Orient est ou un présomptueux, ou un imbécile, ou un ignorant.
Tout est infiniment complexe. Celui qui pense avoir une solution est un fou. Et
quelle que soit la solution proposée ce ne sera pas la bonne. Alors évitons d'en
proposer une.

• Ah! Un dernier point pour finir. Ne pensez pas, monsieur le Député, qu'on va
pouvoir s'en tirer en enseignant aux autres les vertus démocratiques. La démocratie
est une conquête qui exige du temps. Nous avons mis deux cents ans pour l'apprendre.
Et il n'est pas bien évident que nous ayons tout compris.

• Quant aux malheureuses populations, je les plains autant que quiconque. Mais il
apparait que, sauf dans quelques pays privilégiés, elles n'aient d'autre avenir que
les barbus, la dictature ou l'exil en Europe. L'Europe où elles apporteront leurs
problèmes et leurs drames!

• Alors un peu de méfiance, Monsieur le Député. Vous ne savez pas dans quoi vous vous
engagez. La guerre est une chose trop sérieuse pour être déclarée comme ça, pour
satisfaire à des impulsions généreuses.

• Et il nous reste tant de choses à faire chez nous. Nous, qui marchons allègrement
vers une guerre civile et religieuse. Il nous faut restaurer l'idée nationale. Faire
respecter l'Etat. Assimiler les corps étrangers. Fermer les frontières à des
populations moyenâgeuses. Abattre les bastilles. Réformer la Justice, les Finances,
l'Enseignement, le droit du travail. Donner un bras armé à la Cour des Comptes.
Restaurer le sens des responsabilités. Alléger le poids de l'Administration sur la
vie quotidienne. Diminuer les dépenses de l'Etat et des collectivités locales.
Rétablir la sécurité. Nettoyer notre pays des éléments inassimilables en restaurant
la peine du bannissement. Et par-dessus-tout, cette mission suprême qui est d'éviter
la guerre et d'assurer la survie de notre peuple, de notre culture et de notre
civilisation. Ça ne vous suffit pas?
Je vous assure, Monsieur le Député, de ma très haute considération.

J.P.Salini


P.S. J'ai l'intention de communiquer cette lettre à mes correspondants habituels. Non
pas pour vous mettre en cause mais pour faire valoir mes idées.
Old Flanker
2015-11-23 07:25:48 UTC
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Que voilà de sages paroles...
Post by Zulu
Jean-Paul Salini
Général de l'Armée de l'Air (2ºs)
Commandeur de la Légion d'Honneur
à
Monsieur Bruno Le Maire
Monsieur le Député,
Dernièrement vous avez dit en parlant de la Syrie: " Il faut une
coalition internationale à laquelle, à mon sens, la France devrait
participer en mettant, elle aussi, un nombre limité de troupes au sol. "
Et vous avez ajouté qu'elle (la France) doit prendre "l'initiative
d'une coalition internationale qui devrait évidemment associer en
premier lieu les États de la région."
Je suis un général d'aviation et j'ai quitté le service depuis bien
longtemps. Il n'est guère dans les habitudes des généraux de rompre le
silence auquel ils ont été habitués. Mais je crois que je dois faire
valoir ici quelques-unes de mes idées.
• Lorsqu'on commence une guerre la seule certitude que l'on peut
avoir est qu'on ignore trois choses. Comment elle finira! Et quand elle
finira. Et même si elle finira. Car il est des guerres éternelles comme
celle qui oppose Israël aux Palestiniens.
• Les choses au Moyen Orient sont tellement embrouillées que nul ne
peut dire qu'il connait le problème et qu'il en a la solution. En fait
il n'y a pas de solution. On ne connait même pas les énoncés des
problèmes. Cela choque nos esprits occidentaux mais c'est comme ça. Ces
populations aux origines et aux religions diverses ne vivaient en paix
autrefois que parce qu'elles étaient soumises à l'Empire turc. Personne
ne veut, ni ne peut, prendre la succession de l'Empire turc. Nul ne peut
être arbitre sous peine de se voir reprocher par toutes les parties en
présence de les avoir injustement brimées et d'avoir favorisé les
autres. Et je vous rappelle, à tout hasard, que le siège de Rabbath par
Joad, général de David a dû avoir lieu vers l'année 980 avant notre ère.
À l'époque c'était les Juifs contre les Philistins. Je me suis laissé
dire qu'il n'y a pas de voyelles dans les langues sémitiques. Philistin
ça s'écrit P.L.S.T.N. Et Palestinien ça s'écrit comment ? P.L.S.T.N.
aussi! Vous voyez ? Alors ce n'est pas pour faire plaisir à un président
américain que ça va cesser.
• Les pays du monde entier n'aiment pas que les occidentaux
s'ingèrent dans leurs affaires. Les occidentaux, quoi qu'il arrive sont
responsables de tout. Qu'ils se taisent ou qu'ils parlent, qu'ils
agissent ou qu'ils se tiennent cois, tout leur est imputé!
• Les guerres et les révolutions sont menées par des individus divers
: doctrinaires, théoriciens, politiques, profiteurs et hommes d'affaires
Mais ils ont tous une caractéristique en commun : la détermination.
Cette détermination imprime aux évènements un dynamisme effrayant. Toute
révolution, toute guerre est une explosion d'énergie. Et cette
explosion, comme une explosion nucléaire, ne se maîtrise pas. Tous les
anciens tabous sont supprimés. Y compris, et c'est essentiel, celui du
respect de la vie humaine. Tout devient possible. Il n'est pas conseillé
de heurter de face une révolution. La seule solution est de lui susciter
des adversaires, le plus d'adversaires qu'il se peut et d'attendre.
D'attendre quoi? Tout simplement que l'énergie se disperse et qu'elle se
fatigue! Dans le cas qui nous occupe, ça risque de durer et Daesh et Al
Qaïda ne sont peut-être que les premiers d'une longue série.
• Nous autres, occidentaux avons le respect de la vie humaine. Ce
sentiment nous est venu après plusieurs hécatombes sanglantes et a été
favorisé sans doute par le fait que notre natalité est faible. Du coup
toute perte est significative et nos soldats sont comptés. On a vu,
chose inconcevable pour un général de 14-18 ou de 39-45, le chef de
l'Etat se déplacer aux Invalides pour enterrer de simples soldats. On ne
peut pas opposer, quelle que soit leur valeur militaire, ces soldats
"comptés" aux hordes inépuisables qui nous font face et pour qui la mort
est un aboutissement. Il faudrait pour avoir raison de ces hordes
pratiquer le massacre de masse. Bien évidemment nous ne le pouvons pas.
• L'une des armes les plus efficaces de notre adversaire c'est la
terreur. Croyez-vous que nous puissions utiliser nous-mêmes la terreur?
• Intervenir en Syrie avec des troupes au sol! Mais quelles troupes?
Nos soldats sont occupés aux quatre coins du monde et le reste, dans le
cadre de Vigipirate, marche inlassablement à travers les rues de nos
villes. Des soldats, il n'y en a plus. L'Armée de terre tout entière
tiendrait dans le stade de France. Et vous ne croyez pas que nous avons
assez à faire en Afrique?
• Je suis effrayé de constater avec quelle facilité la France
s'engage dans des opérations extérieures. Si on s'en tient à la seule
Afrique la liste est de 40 interventions en cinquante ans. Quelques-unes
sont mineures mais voici les principales/
• 1969 Tchad contre la rébellion du Tibesti et du Frolinat (M.
Pompidou)
• 1977 Mauritanie : contre le Front Polisario (M. Giscard d’Estaing)
• 1978 Zaïre : opération à Kolwezi (M. Giscard d’Estaing)
• 1979-1981 Centrafrique : destitution de Bokassa (M. Giscard d’Estaing)
• 1983-1984 Tchad : opération Manta contre la Libye (M. Mitterrand)
• 1985 Tchad : bombardement des soldats Libyens (M. Mitterrand)
• 1990-1995 Rwanda : opération Turquoise (M. Mitterrand et
gouvernements Bérégovoy puis Balladur)
• 1997 Congo-Brazzaville : contre le Nigeria (M. Chirac-Jospin)
• 2002- 2011 Côte d’Ivoire : Opération Licorne, Chute de Laurent
Gbagbo (M. Chirac puis M. Sarkozy)
• 2011 Libye : Chute de Kadhafi (M. Sarkozy)
• 2013 Mali : opération Serval (M. Hollande)
• 2013 Centrafrique : opération Sangaris (M. Hollande)
• 2014 Opération Barkhane (contre des groupes Djihadistes au SAHEL à
partir du 1er août 2014. (M. Hollande). Elle remplace Epervier,
déclenché en 1986 (M. Mitterrand).
• Il faut bien évidemment ajouter à cela les opérations faites
ailleurs qu'en Afrique. Toutes celles du Liban, par exemple ou la
participation à la première guerre d'Irak contre Saddam ou notre action
en Afghanistan ou en Syrie. Et j'allais oublier notre action en
Yougoslavie. Il est difficile de nier l'intérêt de quelques-unes de ces
interventions et on peut leur trouver des justifications mais au bout du
compte, ça fait beaucoup.
• Je me demande encore ce que nous sommes allés faire en Afghanistan,
sinon complaire au gouvernement des Etats Unis.
• En tant qu'aviateur, si je considère le petit nombre d'avions que
nous avons engagés et les distances considérables que certains doivent
parcourir pour atteindre leurs objectifs, j'ai quelques doutes sur
l'efficacité de notre action en Syrie. Je manque de renseignements sur
les résultats obtenus mais je crains qu'ils ne soient pas à la hauteur
des inconvénients liés à notre implication dans ce conflit.
• La guerre, c'est le mal absolu. Contrairement à ce que prétendait
le docte général Clausewitz, la guerre n'est pas "la politique continuée
par d'autres moyens". La guerre c'est le constat de faillite des
diplomates et des politiques. La guerre, c'est lorsque les pauvres
troupiers et les malheureux civils doivent payer l'ardoise des erreurs
commises par leurs dirigeants. Je le sais. J'ai été promené, pendant
toute ma carrière, dans des guerres diverses, ordonnées par des
gouvernements inconsistants et à court d'idées. Et lorsqu'elles ont été
finies (et perdues) on m'a expliqué que c'était ma faute et que j'avais
eu tort de les faire. Clémenceau disait (et il avait raison) que la
guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls
militaires. Mais à qui, Bon Dieu! confiera-t-on la paix?
• On ne me persuadera jamais que les ennemis de la France sont à
Damas ou à Bagdad. Les ennemis de la France sont en France. Nous
marchons à grand pas vers la guerre civile. Il y a les Corses, les
Bretons, les Basques les Catalans. Et surtout il y a d'immenses
collectivités récemment venues en France qui ne savent pas, qui ne
peuvent pas, qui ne veulent pas respecter la culture et la civilisation
de la France. L'immigration? Une chance pour la France? Oui! car
celui-là qui appartient à une double culture m'enrichit. Mais dans notre
cas il ne s'agit plus d'une immigration mais d'une invasion. De
l'occupation de la France par des blocs étanches, insolubles, et qui
trainent derrière eux des idées du moyen -âge et des querelles d'autres
pays et d'autres temps.
• Assez de croisades, Monsieur le Député! Elles n'ont jamais porté
bonheur à la France. Tout récemment, monsieur Bernard Henry Lévy,
philosophe de son état, ce qui devrait l'inciter à une certaine
modération, a sorti sa plume et a prêché l'intervention en Libye contre
l'abominable Kadhafi. "La Guerre! Vive la guerre!" Mais monsieur Lévy
s'est montré convainquant. Il avait la vérité! Alors on est allé faire
un petit tour en Libye et on s'est aperçu avec étonnement que notre
intervention n'avait pas changé de façon sensible la mentalité des
Libyens ni leur façon de régler (ou de ne pas régler) les problèmes.
• Et ne me parlez plus du leadership de la France, de l'exemple
français. "Gesta Dei per Francos!". On n'entend plus que ça. Cela nous
rend odieux à nos partenaires. Mais la France n'est plus une grande
puissance. Et cela depuis un instant bien précis. Depuis le 10 mai 1940,
à 3h 30 du matin.
• Cela ne veut pas dire que l'influence de la France est réduite à
néant. Mais elle doit chercher l'efficacité plus que le geste. Elle doit
œuvrer avec discrétion. Elle doit susciter des ennemis à ses
adversaires. Elle doit profiter des querelles des autres sans jamais s'y
impliquer. Elle doit tracer autour d'elle un cordon sanitaire qui la
mette à l'abri des aventures risquées. Nous ne devons pas être les
pompiers ni les gardiens de but. Parce que les pompiers finissent
toujours par se brûler et que les gardiens de but finissent toujours par
encaisser des buts.
• Et s' "Ils" veulent se battre, eh bien! qu'ils se battent! Ce sont
leurs affaires. Si elles font les nôtres tant mieux! Et il faut se
débrouiller pour qu'elles nous soient favorables. En attendant rien ne
nous empêche de "clamer le droit". C'est ce que font les bons apôtres
depuis soixante ans. Ça ne mange pas de pain et ça n'engage à rien.
• Car leurs affaires sont embrouillées. Celui qui pense connaître les
tenants et les aboutissants du Moyen Orient est ou un présomptueux, ou
un imbécile, ou un ignorant. Tout est infiniment complexe. Celui qui
pense avoir une solution est un fou. Et quelle que soit la solution
proposée ce ne sera pas la bonne. Alors évitons d'en proposer une.
• Ah! Un dernier point pour finir. Ne pensez pas, monsieur le Député,
qu'on va pouvoir s'en tirer en enseignant aux autres les vertus
démocratiques. La démocratie est une conquête qui exige du temps. Nous
avons mis deux cents ans pour l'apprendre. Et il n'est pas bien évident
que nous ayons tout compris.
• Quant aux malheureuses populations, je les plains autant que
quiconque. Mais il apparait que, sauf dans quelques pays privilégiés,
elles n'aient d'autre avenir que les barbus, la dictature ou l'exil en
Europe. L'Europe où elles apporteront leurs problèmes et leurs drames!
• Alors un peu de méfiance, Monsieur le Député. Vous ne savez pas
dans quoi vous vous engagez. La guerre est une chose trop sérieuse pour
être déclarée comme ça, pour satisfaire à des impulsions généreuses.
• Et il nous reste tant de choses à faire chez nous. Nous, qui
marchons allègrement vers une guerre civile et religieuse. Il nous faut
restaurer l'idée nationale. Faire respecter l'Etat. Assimiler les corps
étrangers. Fermer les frontières à des populations moyenâgeuses. Abattre
les bastilles. Réformer la Justice, les Finances, l'Enseignement, le
droit du travail. Donner un bras armé à la Cour des Comptes. Restaurer
le sens des responsabilités. Alléger le poids de l'Administration sur la
vie quotidienne. Diminuer les dépenses de l'Etat et des collectivités
locales. Rétablir la sécurité. Nettoyer notre pays des éléments
inassimilables en restaurant la peine du bannissement. Et
par-dessus-tout, cette mission suprême qui est d'éviter la guerre et
d'assurer la survie de notre peuple, de notre culture et de notre
civilisation. Ça ne vous suffit pas?
Je vous assure, Monsieur le Député, de ma très haute considération.
J.P.Salini
P.S. J'ai l'intention de communiquer cette lettre à mes correspondants
habituels. Non pas pour vous mettre en cause mais pour faire valoir mes
idées.
Mapomme
2015-11-23 10:15:07 UTC
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Post by Old Flanker
Que voilà de sages paroles...
Oui mais parce-qu'elles sont sages, elles ne seront pas entendues.

Le plus effrayant c'est que cela vienne d'un militaire. Dans ce climat
qui charge de responsabilités les militaires commodément assimilés à des
va-t-en guerre, il est d'autant plus frappant que ces déclarations
remettent les choses en perspective.

Mapomme
JVB
2015-11-23 10:23:29 UTC
Permalink
Post by Mapomme
Le plus effrayant c'est que cela vienne d'un militaire.
Il y a des mois que j'essaie, interview après interview, d'expliquer que
le recours au militaire n'est qu'une toute partie de la solution et que
c'est d'abord aux finances qu'il faut frapper. J'ai quand même
l'impression que l'idée, longtemps soigneusement repoussée, fait son
chemin et que certains ont même l'impression d'être les premiers à
l'avoir dit.
L'important, c'est que quelque chose soit fait dans ce domaine.
--
JVB
Tout ce que j'aime est immoral et/ou fait grossir.
Mapomme
2015-11-23 10:58:47 UTC
Permalink
Post by JVB
Post by Mapomme
Le plus effrayant c'est que cela vienne d'un militaire.
Il y a des mois que j'essaie, interview après interview, d'expliquer que
le recours au militaire n'est qu'une toute partie de la solution et que
c'est d'abord aux finances qu'il faut frapper. J'ai quand même
l'impression que l'idée, longtemps soigneusement repoussée, fait son
chemin et que certains ont même l'impression d'être les premiers à
l'avoir dit.
L'important, c'est que quelque chose soit fait dans ce domaine.
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper aussi
sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture de
pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...

Mapomme
JVB
2015-11-23 14:14:55 UTC
Permalink
Post by Mapomme
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper aussi
sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture de
pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art, les ventes
d'esclaves et quelques autres font partie de ce qu'on sait suivre. Mais
il faut de la volonté. Et ne pas avoir peur de découvrir que quelques
occidentaux très respectables sont mouillés jusqu'au cou.
--
JVB
Tout ce que j'aime est immoral et/ou fait grossir.
Mapomme
2015-11-23 14:30:55 UTC
Permalink
Post by JVB
Post by Mapomme
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper
aussi sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture
de pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art, les ventes
d'esclaves et quelques autres font partie de ce qu'on sait suivre. Mais
il faut de la volonté. Et ne pas avoir peur de découvrir que quelques
occidentaux très respectables sont mouillés jusqu'au cou.
Sélakelos. Et par la même occasion, il serait temps de remettre sur le
tapis persan quelques unes de nos alliances.
Old Flanker
2015-11-23 22:31:34 UTC
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Post by Mapomme
Post by JVB
Post by Mapomme
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper
aussi sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture
de pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art, les ventes
d'esclaves et quelques autres font partie de ce qu'on sait suivre. Mais
il faut de la volonté. Et ne pas avoir peur de découvrir que quelques
occidentaux très respectables sont mouillés jusqu'au cou.
Sélakelos. Et par la même occasion, il serait temps de remettre sur le
tapis persan quelques unes de nos alliances.
Le juge Trividic avait évoqué les noms des principaux financiers d'ISIS,
je pense que ça n'a pas du plaire à ceux du sommet de l'état actuel...
Mapomme
2015-11-24 07:46:50 UTC
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Post by Old Flanker
Post by Mapomme
Post by JVB
Post by Mapomme
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper
aussi sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture
de pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art, les ventes
d'esclaves et quelques autres font partie de ce qu'on sait suivre.
Mais il faut de la volonté. Et ne pas avoir peur de découvrir que
quelques occidentaux très respectables sont mouillés jusqu'au cou.
Sélakelos. Et par la même occasion, il serait temps de remettre sur le
tapis persan quelques unes de nos alliances.
Le juge Trividic avait évoqué les noms des principaux financiers d'ISIS,
je pense que ça n'a pas du plaire à ceux du sommet de l'état actuel...
Son livre est édifiant à maints égards. Nul n'est prophète en son pays
n'est-ce pas?
Sylvain
2015-11-23 17:39:06 UTC
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Post by JVB
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art,
Bien sûr !!

Ce n'est pas des objets d'art, c'est du trafic de vestiges archéologiques
Old Flanker
2015-11-23 22:29:47 UTC
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Post by JVB
Post by Mapomme
Taper sur la production, l'acheminement et l'achat de pétrole est un
incontournable. Les Russes y travaillent. Il serait temps de taper aussi
sur les doigts de ceux qui les mettent dans le pot de confiture de
pétrole de l'EI. On sait suivre les camions...
Il n'y a pas que le pétrole.. Le trafic d'objets d'art, les ventes
d'esclaves et quelques autres font partie de ce qu'on sait suivre. Mais
il faut de la volonté. Et ne pas avoir peur de découvrir que quelques
occidentaux très respectables sont mouillés jusqu'au cou.
Joe Biden (USA) qui commence à évoquer et admettre qu'il y a des
collusions des pays sunnites du golfe avec ISIS :

http://www.liveleak.com/view?i=6a1_1448296295
Sylvain
2015-11-23 10:57:51 UTC
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Post by Old Flanker
Que voilà de sages paroles...
Les politiques en on rien a foutre ce n'est pas eux qui partent faire la
guerre. Puis ils n'ont aucune responsabilité quoi qu'ils fassent ils gardent
leurs retraites et avantages.
Zulu
2015-11-23 14:56:55 UTC
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Post by Old Flanker
Que voilà de sages paroles...
Les politiques en on rien a foutre ce n'est pas eux qui partent faire la guerre. Puis
ils n'ont aucune responsabilité quoi qu'ils fassent ils gardent leurs retraites et
avantages.
Oui, mais le pb c'est que ce sont eux qui votent les budgets.

On voit malheureusement leur travail assidu à cette tâche dans ce qu'est devenue
notre armée de bouts de ficelles.

Mais ces cons sont les premiers à déclarer une guerre à à Kadhafi ou Assad parce que
la FRance est devenue le caniche de l'OTAN.

Faudrait que ce soient leurs fils aux premiers postes.

Merci Sarko en souvenir du Grand Charles!
jc_lavau
2015-11-23 10:11:41 UTC
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Post by Zulu
Jean-Paul Salini
Général de l'Armée de l'Air (2ºs)
Commandeur de la Légion d'Honneur
à
Monsieur Bruno Le Maire
Monsieur le Député,
Dernièrement vous avez dit en parlant de la Syrie: " Il faut une
coalition internationale à laquelle, à mon sens, la France devrait
participer en mettant, elle aussi, un nombre limité de troupes au sol. "
Et vous avez ajouté qu'elle (la France) doit prendre "l'initiative
d'une coalition internationale qui devrait évidemment associer en
premier lieu les États de la région."
Je suis un général d'aviation et j'ai quitté le service depuis bien
longtemps. Il n'est guère dans les habitudes des généraux de rompre le
silence auquel ils ont été habitués. Mais je crois que je dois faire
valoir ici quelques-unes de mes idées.
• Lorsqu'on commence une guerre la seule certitude que l'on peut
avoir est qu'on ignore trois choses. Comment elle finira! Et quand elle
finira. Et même si elle finira. Car il est des guerres éternelles comme
celle qui oppose Israël aux Palestiniens.
• Les choses au Moyen Orient sont tellement embrouillées que nul ne
peut dire qu'il connait le problème et qu'il en a la solution. En fait
il n'y a pas de solution. On ne connait même pas les énoncés des
problèmes. Cela choque nos esprits occidentaux mais c'est comme ça. Ces
populations aux origines et aux religions diverses ne vivaient en paix
autrefois que parce qu'elles étaient soumises à l'Empire turc. Personne
ne veut, ni ne peut, prendre la succession de l'Empire turc. Nul ne peut
être arbitre sous peine de se voir reprocher par toutes les parties en
présence de les avoir injustement brimées et d'avoir favorisé les
autres. Et je vous rappelle, à tout hasard, que le siège de Rabbath par
Joad, général de David a dû avoir lieu vers l'année 980 avant notre ère.
À l'époque c'était les Juifs contre les Philistins. Je me suis laissé
dire qu'il n'y a pas de voyelles dans les langues sémitiques. Philistin
ça s'écrit P.L.S.T.N. Et Palestinien ça s'écrit comment ? P.L.S.T.N.
aussi! Vous voyez ? Alors ce n'est pas pour faire plaisir à un président
américain que ça va cesser.
• Les pays du monde entier n'aiment pas que les occidentaux
s'ingèrent dans leurs affaires. Les occidentaux, quoi qu'il arrive sont
responsables de tout. Qu'ils se taisent ou qu'ils parlent, qu'ils
agissent ou qu'ils se tiennent cois, tout leur est imputé!
• Les guerres et les révolutions sont menées par des individus divers
: doctrinaires, théoriciens, politiques, profiteurs et hommes d'affaires
Mais ils ont tous une caractéristique en commun : la détermination.
Cette détermination imprime aux évènements un dynamisme effrayant. Toute
révolution, toute guerre est une explosion d'énergie. Et cette
explosion, comme une explosion nucléaire, ne se maîtrise pas. Tous les
anciens tabous sont supprimés. Y compris, et c'est essentiel, celui du
respect de la vie humaine. Tout devient possible. Il n'est pas conseillé
de heurter de face une révolution. La seule solution est de lui susciter
des adversaires, le plus d'adversaires qu'il se peut et d'attendre.
D'attendre quoi? Tout simplement que l'énergie se disperse et qu'elle se
fatigue! Dans le cas qui nous occupe, ça risque de durer et Daesh et Al
Qaïda ne sont peut-être que les premiers d'une longue série.
• Nous autres, occidentaux avons le respect de la vie humaine. Ce
sentiment nous est venu après plusieurs hécatombes sanglantes et a été
favorisé sans doute par le fait que notre natalité est faible. Du coup
toute perte est significative et nos soldats sont comptés. On a vu,
chose inconcevable pour un général de 14-18 ou de 39-45, le chef de
l'Etat se déplacer aux Invalides pour enterrer de simples soldats. On ne
peut pas opposer, quelle que soit leur valeur militaire, ces soldats
"comptés" aux hordes inépuisables qui nous font face et pour qui la mort
est un aboutissement. Il faudrait pour avoir raison de ces hordes
pratiquer le massacre de masse. Bien évidemment nous ne le pouvons pas.
• L'une des armes les plus efficaces de notre adversaire c'est la
terreur. Croyez-vous que nous puissions utiliser nous-mêmes la terreur?
• Intervenir en Syrie avec des troupes au sol! Mais quelles troupes?
Nos soldats sont occupés aux quatre coins du monde et le reste, dans le
cadre de Vigipirate, marche inlassablement à travers les rues de nos
villes. Des soldats, il n'y en a plus. L'Armée de terre tout entière
tiendrait dans le stade de France. Et vous ne croyez pas que nous avons
assez à faire en Afrique?
• Je suis effrayé de constater avec quelle facilité la France
s'engage dans des opérations extérieures. Si on s'en tient à la seule
Afrique la liste est de 40 interventions en cinquante ans. Quelques-unes
sont mineures mais voici les principales/
• 1969 Tchad contre la rébellion du Tibesti et du Frolinat (M.
Pompidou)
• 1977 Mauritanie : contre le Front Polisario (M. Giscard d’Estaing)
• 1978 Zaïre : opération à Kolwezi (M. Giscard d’Estaing)
• 1979-1981 Centrafrique : destitution de Bokassa (M. Giscard d’Estaing)
• 1983-1984 Tchad : opération Manta contre la Libye (M. Mitterrand)
• 1985 Tchad : bombardement des soldats Libyens (M. Mitterrand)
• 1990-1995 Rwanda : opération Turquoise (M. Mitterrand et
gouvernements Bérégovoy puis Balladur)
• 1997 Congo-Brazzaville : contre le Nigeria (M. Chirac-Jospin)
• 2002- 2011 Côte d’Ivoire : Opération Licorne, Chute de Laurent
Gbagbo (M. Chirac puis M. Sarkozy)
• 2011 Libye : Chute de Kadhafi (M. Sarkozy)
• 2013 Mali : opération Serval (M. Hollande)
• 2013 Centrafrique : opération Sangaris (M. Hollande)
• 2014 Opération Barkhane (contre des groupes Djihadistes au SAHEL à
partir du 1er août 2014. (M. Hollande). Elle remplace Epervier,
déclenché en 1986 (M. Mitterrand).
• Il faut bien évidemment ajouter à cela les opérations faites
ailleurs qu'en Afrique. Toutes celles du Liban, par exemple ou la
participation à la première guerre d'Irak contre Saddam ou notre action
en Afghanistan ou en Syrie. Et j'allais oublier notre action en
Yougoslavie. Il est difficile de nier l'intérêt de quelques-unes de ces
interventions et on peut leur trouver des justifications mais au bout du
compte, ça fait beaucoup.
• Je me demande encore ce que nous sommes allés faire en Afghanistan,
sinon complaire au gouvernement des Etats Unis.
• En tant qu'aviateur, si je considère le petit nombre d'avions que
nous avons engagés et les distances considérables que certains doivent
parcourir pour atteindre leurs objectifs, j'ai quelques doutes sur
l'efficacité de notre action en Syrie. Je manque de renseignements sur
les résultats obtenus mais je crains qu'ils ne soient pas à la hauteur
des inconvénients liés à notre implication dans ce conflit.
• La guerre, c'est le mal absolu. Contrairement à ce que prétendait
le docte général Clausewitz, la guerre n'est pas "la politique continuée
par d'autres moyens". La guerre c'est le constat de faillite des
diplomates et des politiques. La guerre, c'est lorsque les pauvres
troupiers et les malheureux civils doivent payer l'ardoise des erreurs
commises par leurs dirigeants. Je le sais. J'ai été promené, pendant
toute ma carrière, dans des guerres diverses, ordonnées par des
gouvernements inconsistants et à court d'idées. Et lorsqu'elles ont été
finies (et perdues) on m'a expliqué que c'était ma faute et que j'avais
eu tort de les faire. Clémenceau disait (et il avait raison) que la
guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls
militaires. Mais à qui, Bon Dieu! confiera-t-on la paix?
• On ne me persuadera jamais que les ennemis de la France sont à
Damas ou à Bagdad. Les ennemis de la France sont en France. Nous
marchons à grand pas vers la guerre civile. Il y a les Corses, les
Bretons, les Basques les Catalans. Et surtout il y a d'immenses
collectivités récemment venues en France qui ne savent pas, qui ne
peuvent pas, qui ne veulent pas respecter la culture et la civilisation
de la France. L'immigration? Une chance pour la France? Oui! car
celui-là qui appartient à une double culture m'enrichit. Mais dans notre
cas il ne s'agit plus d'une immigration mais d'une invasion. De
l'occupation de la France par des blocs étanches, insolubles, et qui
trainent derrière eux des idées du moyen -âge et des querelles d'autres
pays et d'autres temps.
• Assez de croisades, Monsieur le Député! Elles n'ont jamais porté
bonheur à la France. Tout récemment, monsieur Bernard Henry Lévy,
philosophe de son état, ce qui devrait l'inciter à une certaine
modération, a sorti sa plume et a prêché l'intervention en Libye contre
l'abominable Kadhafi. "La Guerre! Vive la guerre!" Mais monsieur Lévy
s'est montré convainquant. Il avait la vérité! Alors on est allé faire
un petit tour en Libye et on s'est aperçu avec étonnement que notre
intervention n'avait pas changé de façon sensible la mentalité des
Libyens ni leur façon de régler (ou de ne pas régler) les problèmes.
• Et ne me parlez plus du leadership de la France, de l'exemple
français. "Gesta Dei per Francos!". On n'entend plus que ça. Cela nous
rend odieux à nos partenaires. Mais la France n'est plus une grande
puissance. Et cela depuis un instant bien précis. Depuis le 10 mai 1940,
à 3h 30 du matin.
• Cela ne veut pas dire que l'influence de la France est réduite à
néant. Mais elle doit chercher l'efficacité plus que le geste. Elle doit
œuvrer avec discrétion. Elle doit susciter des ennemis à ses
adversaires. Elle doit profiter des querelles des autres sans jamais s'y
impliquer. Elle doit tracer autour d'elle un cordon sanitaire qui la
mette à l'abri des aventures risquées. Nous ne devons pas être les
pompiers ni les gardiens de but. Parce que les pompiers finissent
toujours par se brûler et que les gardiens de but finissent toujours par
encaisser des buts.
• Et s' "Ils" veulent se battre, eh bien! qu'ils se battent! Ce sont
leurs affaires. Si elles font les nôtres tant mieux! Et il faut se
débrouiller pour qu'elles nous soient favorables. En attendant rien ne
nous empêche de "clamer le droit". C'est ce que font les bons apôtres
depuis soixante ans. Ça ne mange pas de pain et ça n'engage à rien.
• Car leurs affaires sont embrouillées. Celui qui pense connaître les
tenants et les aboutissants du Moyen Orient est ou un présomptueux, ou
un imbécile, ou un ignorant. Tout est infiniment complexe. Celui qui
pense avoir une solution est un fou. Et quelle que soit la solution
proposée ce ne sera pas la bonne. Alors évitons d'en proposer une.
• Ah! Un dernier point pour finir. Ne pensez pas, monsieur le Député,
qu'on va pouvoir s'en tirer en enseignant aux autres les vertus
démocratiques. La démocratie est une conquête qui exige du temps. Nous
avons mis deux cents ans pour l'apprendre. Et il n'est pas bien évident
que nous ayons tout compris.
• Quant aux malheureuses populations, je les plains autant que
quiconque. Mais il apparait que, sauf dans quelques pays privilégiés,
elles n'aient d'autre avenir que les barbus, la dictature ou l'exil en
Europe. L'Europe où elles apporteront leurs problèmes et leurs drames!
• Alors un peu de méfiance, Monsieur le Député. Vous ne savez pas
dans quoi vous vous engagez. La guerre est une chose trop sérieuse pour
être déclarée comme ça, pour satisfaire à des impulsions généreuses.
• Et il nous reste tant de choses à faire chez nous. Nous, qui
marchons allègrement vers une guerre civile et religieuse. Il nous faut
restaurer l'idée nationale. Faire respecter l'Etat. Assimiler les corps
étrangers. Fermer les frontières à des populations moyenâgeuses. Abattre
les bastilles. Réformer la Justice, les Finances, l'Enseignement, le
droit du travail. Donner un bras armé à la Cour des Comptes. Restaurer
le sens des responsabilités. Alléger le poids de l'Administration sur la
vie quotidienne. Diminuer les dépenses de l'Etat et des collectivités
locales. Rétablir la sécurité. Nettoyer notre pays des éléments
inassimilables en restaurant la peine du bannissement. Et
par-dessus-tout, cette mission suprême qui est d'éviter la guerre et
d'assurer la survie de notre peuple, de notre culture et de notre
civilisation. Ça ne vous suffit pas?
Je vous assure, Monsieur le Député, de ma très haute considération.
J.P.Salini
P.S. J'ai l'intention de communiquer cette lettre à mes correspondants
habituels. Non pas pour vous mettre en cause mais pour faire valoir mes
idées.
Merci. Répercuté :
http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,2232.0.html
Voir aussi Aymeric Chauprade :
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Ou-vont-la-Syrie-et-le-Moyen-Orient-15180.html
--
Le contrat social du scientifique inclut le mandat de se piloter
en exactitude : le système de production des connaissances,
il est présumé le piloter en exactitude et non en traditions, ni
en stratégies de pouvoir, ni en narcissisme, ni en corruption.
dujardin
2015-11-23 14:31:32 UTC
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Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui prone la paix !

Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs enfants, ils
envoient les enfants des autres.
Shaqal al-Austrasi
2015-11-23 14:34:12 UTC
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Post by dujardin
Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui
prone la paix !
Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs
enfants, ils envoient les enfants des autres.
Rassurez-vous, dans toutes les guerres il y a des maboules
qui sont prêts à se faire trouer la peau dans l'espoir de
trouer celle du type d'en face au profit de leurs patrons
respectifs.
Colonial2015
2015-11-23 16:08:14 UTC
Permalink
Post by dujardin
Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui prone la paix !
Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs enfants, ils envoient
les enfants des autres.
Ta vision du monde militaire est un peu étriquée, réductrice...
Beaucoup de bidasses peu gradés ont eu des enfants qui sont montés
plus haut qu'eux dans la hiérarchie militaire
--
"Il n'y a pas de vérités moyennes". (Georges Bernanos)
Sylvain
2015-11-23 17:42:02 UTC
Permalink
Beaucoup de bidasses peu gradés ont eu des enfants qui sont montés plus
haut qu'eux dans la hiérarchie militaire
Extraordinaire !!!
Old Flanker
2015-11-23 22:40:19 UTC
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Post by dujardin
Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui prone la paix !
Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs enfants, ils
envoient les enfants des autres.
Ta vision du monde militaire est un peu étriquée, réductrice... Beaucoup
de bidasses peu gradés ont eu des enfants qui sont montés plus haut
qu'eux dans la hiérarchie militaire
Là il n'évoque que les enfants de politiciens (planqués grâce à papa),
pas les enfantes de militaires.
Colonial2015
2015-11-24 09:22:18 UTC
Permalink
Post by dujardin
Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui prone la paix !
Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs enfants, ils
envoient les enfants des autres.
Ta vision du monde militaire est un peu étriquée, réductrice... Beaucoup
de bidasses peu gradés ont eu des enfants qui sont montés plus haut
qu'eux dans la hiérarchie militaire
Là il n'évoque que les enfants de politiciens (planqués grâce à papa), pas
les enfantes de militaires.
Je lis toujours trop rapidement, mais je tire plus vite que mon
ombre...
--
"Il n'y a pas de vérités moyennes". (Georges Bernanos)
Old Flanker
2015-11-23 22:38:30 UTC
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Post by dujardin
Excellente lettre lucide de la part d'un militaire qui prone la paix !
Tous ceux qui crient à la guerre n'envoient pas leurs enfants, ils
envoient les enfants des autres.
Absolument, je me souviens chaque fois que je passais à Marine Paris
pour une raison ou une autre, un collègue commando marine me racontait
tous les exploits donc "tout le bien" qu'il pensait des "fils
d'archévèques" qu'il avait à contrôler comme piétaille dans l'équipe
balai/pinceaux (entretien et petites corvées), il y avait tous les
fistons planqués des cadres politiques d'alors cocos compris, on ne
risquait pas de les envoyer appelés en Afrique ou bien dans un régiment
corvéable. Chez les gonfleurs d'hélices à Balard, c'était pareil, chez
les pousses cailloux à Rambouillet ou Beynes, idem, etc... ils ne
risquaient pas de se faire une hernie ces trous de balle.
Cardinal de Hère
2015-11-23 14:57:48 UTC
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Post by Zulu
Jean-Paul Salini
Général de l'Armée de l'Air (2ºs)
Commandeur de la Légion d'Honneur
à
Monsieur Bruno Le Maire
Monsieur le Député,
Dernièrement vous avez dit en parlant de la Syrie: " Il faut une
coalition internationale à laquelle, à mon sens, la France devrait
participer en mettant, elle aussi, un nombre limité de troupes au sol. "
Et vous avez ajouté qu'elle (la France) doit prendre "l'initiative
d'une coalition internationale qui devrait évidemment associer en
premier lieu les États de la région."
Je suis un général d'aviation et j'ai quitté le service depuis bien
longtemps. Il n'est guère dans les habitudes des généraux de rompre le
silence auquel ils ont été habitués. Mais je crois que je dois faire
valoir ici quelques-unes de mes idées.
• Lorsqu'on commence une guerre la seule certitude que l'on peut
avoir est qu'on ignore trois choses. Comment elle finira! Et quand elle
finira. Et même si elle finira. Car il est des guerres éternelles comme
celle qui oppose Israël aux Palestiniens.
• Les choses au Moyen Orient sont tellement embrouillées que nul ne
peut dire qu'il connait le problème et qu'il en a la solution. En fait
il n'y a pas de solution. On ne connait même pas les énoncés des
problèmes. Cela choque nos esprits occidentaux mais c'est comme ça. Ces
populations aux origines et aux religions diverses ne vivaient en paix
autrefois que parce qu'elles étaient soumises à l'Empire turc. Personne
ne veut, ni ne peut, prendre la succession de l'Empire turc. Nul ne peut
être arbitre sous peine de se voir reprocher par toutes les parties en
présence de les avoir injustement brimées et d'avoir favorisé les
autres. Et je vous rappelle, à tout hasard, que le siège de Rabbath par
Joad, général de David a dû avoir lieu vers l'année 980 avant notre ère.
À l'époque c'était les Juifs contre les Philistins. Je me suis laissé
dire qu'il n'y a pas de voyelles dans les langues sémitiques. Philistin
ça s'écrit P.L.S.T.N. Et Palestinien ça s'écrit comment ? P.L.S.T.N.
aussi! Vous voyez ? Alors ce n'est pas pour faire plaisir à un président
américain que ça va cesser.
• Les pays du monde entier n'aiment pas que les occidentaux
s'ingèrent dans leurs affaires. Les occidentaux, quoi qu'il arrive sont
responsables de tout. Qu'ils se taisent ou qu'ils parlent, qu'ils
agissent ou qu'ils se tiennent cois, tout leur est imputé!
• Les guerres et les révolutions sont menées par des individus divers
: doctrinaires, théoriciens, politiques, profiteurs et hommes d'affaires
Mais ils ont tous une caractéristique en commun : la détermination.
Cette détermination imprime aux évènements un dynamisme effrayant. Toute
révolution, toute guerre est une explosion d'énergie. Et cette
explosion, comme une explosion nucléaire, ne se maîtrise pas. Tous les
anciens tabous sont supprimés. Y compris, et c'est essentiel, celui du
respect de la vie humaine. Tout devient possible. Il n'est pas conseillé
de heurter de face une révolution. La seule solution est de lui susciter
des adversaires, le plus d'adversaires qu'il se peut et d'attendre.
D'attendre quoi? Tout simplement que l'énergie se disperse et qu'elle se
fatigue! Dans le cas qui nous occupe, ça risque de durer et Daesh et Al
Qaïda ne sont peut-être que les premiers d'une longue série.
• Nous autres, occidentaux avons le respect de la vie humaine. Ce
sentiment nous est venu après plusieurs hécatombes sanglantes et a été
favorisé sans doute par le fait que notre natalité est faible. Du coup
toute perte est significative et nos soldats sont comptés. On a vu,
chose inconcevable pour un général de 14-18 ou de 39-45, le chef de
l'Etat se déplacer aux Invalides pour enterrer de simples soldats. On ne
peut pas opposer, quelle que soit leur valeur militaire, ces soldats
"comptés" aux hordes inépuisables qui nous font face et pour qui la mort
est un aboutissement. Il faudrait pour avoir raison de ces hordes
pratiquer le massacre de masse. Bien évidemment nous ne le pouvons pas.
• L'une des armes les plus efficaces de notre adversaire c'est la
terreur. Croyez-vous que nous puissions utiliser nous-mêmes la terreur?
• Intervenir en Syrie avec des troupes au sol! Mais quelles troupes?
Nos soldats sont occupés aux quatre coins du monde et le reste, dans le
cadre de Vigipirate, marche inlassablement à travers les rues de nos
villes. Des soldats, il n'y en a plus. L'Armée de terre tout entière
tiendrait dans le stade de France. Et vous ne croyez pas que nous avons
assez à faire en Afrique?
• Je suis effrayé de constater avec quelle facilité la France
s'engage dans des opérations extérieures. Si on s'en tient à la seule
Afrique la liste est de 40 interventions en cinquante ans. Quelques-unes
sont mineures mais voici les principales/
• 1969 Tchad contre la rébellion du Tibesti et du Frolinat (M.
Pompidou)
• 1977 Mauritanie : contre le Front Polisario (M. Giscard d’Estaing)
• 1978 Zaïre : opération à Kolwezi (M. Giscard d’Estaing)
• 1979-1981 Centrafrique : destitution de Bokassa (M. Giscard d’Estaing)
• 1983-1984 Tchad : opération Manta contre la Libye (M. Mitterrand)
• 1985 Tchad : bombardement des soldats Libyens (M. Mitterrand)
• 1990-1995 Rwanda : opération Turquoise (M. Mitterrand et
gouvernements Bérégovoy puis Balladur)
• 1997 Congo-Brazzaville : contre le Nigeria (M. Chirac-Jospin)
• 2002- 2011 Côte d’Ivoire : Opération Licorne, Chute de Laurent
Gbagbo (M. Chirac puis M. Sarkozy)
• 2011 Libye : Chute de Kadhafi (M. Sarkozy)
• 2013 Mali : opération Serval (M. Hollande)
• 2013 Centrafrique : opération Sangaris (M. Hollande)
• 2014 Opération Barkhane (contre des groupes Djihadistes au SAHEL à
partir du 1er août 2014. (M. Hollande). Elle remplace Epervier,
déclenché en 1986 (M. Mitterrand).
• Il faut bien évidemment ajouter à cela les opérations faites
ailleurs qu'en Afrique. Toutes celles du Liban, par exemple ou la
participation à la première guerre d'Irak contre Saddam ou notre action
en Afghanistan ou en Syrie. Et j'allais oublier notre action en
Yougoslavie. Il est difficile de nier l'intérêt de quelques-unes de ces
interventions et on peut leur trouver des justifications mais au bout du
compte, ça fait beaucoup.
• Je me demande encore ce que nous sommes allés faire en Afghanistan,
sinon complaire au gouvernement des Etats Unis.
• En tant qu'aviateur, si je considère le petit nombre d'avions que
nous avons engagés et les distances considérables que certains doivent
parcourir pour atteindre leurs objectifs, j'ai quelques doutes sur
l'efficacité de notre action en Syrie. Je manque de renseignements sur
les résultats obtenus mais je crains qu'ils ne soient pas à la hauteur
des inconvénients liés à notre implication dans ce conflit.
• La guerre, c'est le mal absolu. Contrairement à ce que prétendait
le docte général Clausewitz, la guerre n'est pas "la politique continuée
par d'autres moyens". La guerre c'est le constat de faillite des
diplomates et des politiques. La guerre, c'est lorsque les pauvres
troupiers et les malheureux civils doivent payer l'ardoise des erreurs
commises par leurs dirigeants. Je le sais. J'ai été promené, pendant
toute ma carrière, dans des guerres diverses, ordonnées par des
gouvernements inconsistants et à court d'idées. Et lorsqu'elles ont été
finies (et perdues) on m'a expliqué que c'était ma faute et que j'avais
eu tort de les faire. Clémenceau disait (et il avait raison) que la
guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls
militaires. Mais à qui, Bon Dieu! confiera-t-on la paix?
• On ne me persuadera jamais que les ennemis de la France sont à
Damas ou à Bagdad. Les ennemis de la France sont en France. Nous
marchons à grand pas vers la guerre civile. Il y a les Corses, les
Bretons, les Basques les Catalans. Et surtout il y a d'immenses
collectivités récemment venues en France qui ne savent pas, qui ne
peuvent pas, qui ne veulent pas respecter la culture et la civilisation
de la France. L'immigration? Une chance pour la France? Oui! car
celui-là qui appartient à une double culture m'enrichit. Mais dans notre
cas il ne s'agit plus d'une immigration mais d'une invasion. De
l'occupation de la France par des blocs étanches, insolubles, et qui
trainent derrière eux des idées du moyen -âge et des querelles d'autres
pays et d'autres temps.
• Assez de croisades, Monsieur le Député! Elles n'ont jamais porté
bonheur à la France. Tout récemment, monsieur Bernard Henry Lévy,
philosophe de son état, ce qui devrait l'inciter à une certaine
modération, a sorti sa plume et a prêché l'intervention en Libye contre
l'abominable Kadhafi. "La Guerre! Vive la guerre!" Mais monsieur Lévy
s'est montré convainquant. Il avait la vérité! Alors on est allé faire
un petit tour en Libye et on s'est aperçu avec étonnement que notre
intervention n'avait pas changé de façon sensible la mentalité des
Libyens ni leur façon de régler (ou de ne pas régler) les problèmes.
• Et ne me parlez plus du leadership de la France, de l'exemple
français. "Gesta Dei per Francos!". On n'entend plus que ça. Cela nous
rend odieux à nos partenaires. Mais la France n'est plus une grande
puissance. Et cela depuis un instant bien précis. Depuis le 10 mai 1940,
à 3h 30 du matin.
• Cela ne veut pas dire que l'influence de la France est réduite à
néant. Mais elle doit chercher l'efficacité plus que le geste. Elle doit
œuvrer avec discrétion. Elle doit susciter des ennemis à ses
adversaires. Elle doit profiter des querelles des autres sans jamais s'y
impliquer. Elle doit tracer autour d'elle un cordon sanitaire qui la
mette à l'abri des aventures risquées. Nous ne devons pas être les
pompiers ni les gardiens de but. Parce que les pompiers finissent
toujours par se brûler et que les gardiens de but finissent toujours par
encaisser des buts.
• Et s' "Ils" veulent se battre, eh bien! qu'ils se battent! Ce sont
leurs affaires. Si elles font les nôtres tant mieux! Et il faut se
débrouiller pour qu'elles nous soient favorables. En attendant rien ne
nous empêche de "clamer le droit". C'est ce que font les bons apôtres
depuis soixante ans. Ça ne mange pas de pain et ça n'engage à rien.
• Car leurs affaires sont embrouillées. Celui qui pense connaître les
tenants et les aboutissants du Moyen Orient est ou un présomptueux, ou
un imbécile, ou un ignorant. Tout est infiniment complexe. Celui qui
pense avoir une solution est un fou. Et quelle que soit la solution
proposée ce ne sera pas la bonne. Alors évitons d'en proposer une.
• Ah! Un dernier point pour finir. Ne pensez pas, monsieur le Député,
qu'on va pouvoir s'en tirer en enseignant aux autres les vertus
démocratiques. La démocratie est une conquête qui exige du temps. Nous
avons mis deux cents ans pour l'apprendre. Et il n'est pas bien évident
que nous ayons tout compris.
• Quant aux malheureuses populations, je les plains autant que
quiconque. Mais il apparait que, sauf dans quelques pays privilégiés,
elles n'aient d'autre avenir que les barbus, la dictature ou l'exil en
Europe. L'Europe où elles apporteront leurs problèmes et leurs drames!
• Alors un peu de méfiance, Monsieur le Député. Vous ne savez pas
dans quoi vous vous engagez. La guerre est une chose trop sérieuse pour
être déclarée comme ça, pour satisfaire à des impulsions généreuses.
• Et il nous reste tant de choses à faire chez nous. Nous, qui
marchons allègrement vers une guerre civile et religieuse. Il nous faut
restaurer l'idée nationale. Faire respecter l'Etat. Assimiler les corps
étrangers. Fermer les frontières à des populations moyenâgeuses. Abattre
les bastilles. Réformer la Justice, les Finances, l'Enseignement, le
droit du travail. Donner un bras armé à la Cour des Comptes. Restaurer
le sens des responsabilités. Alléger le poids de l'Administration sur la
vie quotidienne. Diminuer les dépenses de l'Etat et des collectivités
locales. Rétablir la sécurité. Nettoyer notre pays des éléments
inassimilables en restaurant la peine du bannissement. Et
par-dessus-tout, cette mission suprême qui est d'éviter la guerre et
d'assurer la survie de notre peuple, de notre culture et de notre
civilisation. Ça ne vous suffit pas?
Je vous assure, Monsieur le Député, de ma très haute considération.
J.P.Salini
P.S. J'ai l'intention de communiquer cette lettre à mes correspondants
habituels. Non pas pour vous mettre en cause mais pour faire valoir mes
idées.
Clap, clap, clap !
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